Evangéliaire et Nouveau Testament
- Title long
- Novum Testamentum
Ce volume est constitué de 177 feuillets de parchemin, inscrits sur deux colonnes de 41 lignes. L'écriture commence au-dessus de la première ligne de réglure tracée à la pointe sèche. L'écriture est une belle onciale encore proche de la minuscule caroline
CONTENU
Ce manuscrit comprend le Nouveau Testament sauf l'Apocalypse, soit : les 4 évangiles canoniques, les actes des apôtres et les épîtres.
Il est précédé d'un évangéliaire abrégé, qui liste les passages des Évangiles lus ou chantés durant les offices, ainsi que de l'échange épistolaire entre Damase et Jérôme de Stridon au sujet de la traduction de la Vulgate.
DÉCOR
Le décor de ce manuscrit est constitué de nombreuses lettres ornées, figurées, et habitées et de sept pages de tables des canons.
La mise en page très aérée, l'usage des couleurs brune et rouge en alternance pour les rubriques, des lettres enclavées, pointent vers le XIe siècle, et suggèrent une influence de la production des scriptoria rhénans, tel que l’Évangéliaire de Bernward de Hildesheim.
Mais le vocabulaire ornemental est quant à lui plutôt d'influence franco-saxonne avec ses serpents, ses entrelacs. On y retrouve d’ailleurs un certain nombre d'éléments déjà présent dans la production d'Odbert de Saint-Bertin, comme ces têtes d'oiseaux a long bec qui se mordent le cou.
Certains éléments dans les figures humaines présentes dans les tables témoignent de l'influence du style de l’école carolingienne de Winchester et sont a rapprocher du ms. 56.
Au XIIe siècle, plusieurs lettres évidées (f. 105v., 150v., 165, 167v, 169v, 171, 172v) ont été "complétées" par un artiste dont le style est très proche de celui du Maître du Zacharie de Besançon, nommé d'après le ms. 30.
Les ajouts de couleurs ponctuels sont difficiles à dater.
Ce sont eux qui donnent le cratère inachevé des lettres et des tables des canons évangéliques, dont le décor bichrome (rouge et brun) au trait se suffit à lui même. Il est donc tout à fait envisageable que ces ajouts maladroits aient été fait plus tard.
Ce manuscrit fait partie d'un groupe cohérent de manuscrits (Saint-Omer 2, 3, 29, 79, 187, 189, 194, 718) qui concerne des volumes produits dans la seconde moitié du XIe siècle pour la collégiale. Or cette dernière a été détruite deux fois par des incendies en 1033 et en 1091, ce qui peut expliquer cette production massive de livres, possiblement destinés à remplacer ceux détruits par le feu. Bien que l'on ne sache pas si les chanoines disposaient d'un scriptorium et pratiquaient la copie de livres, ces deux catastrophes à moins de 60 ans d'intervalle suggère à tout le moins que leur activité a dû être ralentie par les travaux engagés pour reconstruire l'église. Or à cette même époque, l'abbaye de Saint-Bertin connaît précisément un renouveau culturel, consécutif en partie à deux mouvements de réforme, l'un menée par Gérard de Brogne, abbé entre 944-947, et l'autre par l'abbé Rodéric (1021-1043) appuyé par l'évêque Baudoin de Thérouanne. Il est donc tentant de suggérer que ce groupe de manuscrits a été produit à l'abbaye pour la collégiale, d'autant que certains manuscrits de Saint-Bertin présentent des caractéristiques proches (ms. 775).
ICONOGRAPHIE
Les tables des canons présentent un décor d’arcatures architecturées ou ornées d'entrelacs, habitées par des animaux et par les figures des évangélistes et de leurs symboles, bien que la plupart aient malheureusement été découpées. On distingue encore la figure d'un évangéliste au f. 16.
Un petit personnage au sommet de la première colonne des arcatures du f. 14v., doit vraisemblablement être identifié avec l'homme, symbole de Matthieu, les trois autres colonnes étaient surement prévues pour accueillir les symboles des trois autres évangélistes.
Les lettres développent un répertoire ornemental encore très franco-saxon, où les lettres évidées alternent avec des lettres draconiques et des motifs végétalisant inspirée de la feuille d’acanthe.
PROVENANCE
Ex-libris moderne de l'église de Saint-Omer.
RELIURE
Ais de bois couvert d'un veau brun estampé à froid d'une bordure aux petits fers, refait au XVIe siècle, dos à 6 nerfs caissons ornés d'un fleuron estampé à froid, titre et lettre M pour manuscrit, estampés à chaud.
BIBLIOGRAPHIE
A. Catalogues d’exposition
_L’art du Moyen Âge en Artois, (cat. expo), Arras, 1951, cat. 12, p. 47.
C. Bibliographie générale
_BOUTEMY, André, « Un trésor injustement oublié : les manuscrits enluminés du nord de la France (période pré-gothique) », Scriptorium, 3-1, 1949, p. 110-122.
_BOUTEMY, André, « Influences carolingiennes dans l’œuvre de l’abbé Odbert de Saint-Bertin (circ. Ann. 1000) », dans F. GERKE, Georg VON OPEL, Hermann SCHNITZLER (éd.), Karolingische und ottonische kunst. Werden . Wesen .Wirkung, (Forschungen zur Kunstgeschichte und christlichen Archäologie, 3), Wiesbaden, Franz Steiner, 1957, p. 427-433.
_BOUTEMY, André, « La Miniature », dans E. Moreau, dir., Histoire de l’Eglise en Belgique, II, 2e éd., p. 311-361 (ici p. 326).
_BOUTEMY, André, « Notes de voyages sur quelques anciens manuscrits de l’ancien archidiocèse de Reims », Scriptorium, 2, 1948, p. 123-129.
_BOUTEMY, André, « Odbert de Saint-Bertin et la seconde Bible de Charles le Chauve », Scriptorium, 4, 1950, p. 101-102
_BOUTEMY, André, « Un monument capital de l'enluminure anglo-saxonne : le manuscrit 11 de Boulogne-sur-Mer », Cahiers de civilisation médiévale, 1958, 1-2, p. 179-182
- Cote
- Ms. 0003
- Période
- 11e siècle
- Date
- 1030
- Date de fin
- 1099
- Type de document
- Manuscrit
- Catégories
- Manuscrit
- Informations bibliographiques
- Bibliothèque de l’Agglomération du Pays de Saint-Omer
- Droits
- Domaine public
- Permalien
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