Psautier hymnaire à l'usage de Saint-Bertin


Titre_latin
Psalterium ad usum SanctiBertini

Volume de 215 feuillets de parchemin, inscrits à longues ligne sur 19-20 lignes d'une réglure tracée à la mine d plomb. L'écriture est une textualis régulière, mais on distingue plusieurs mains.

CONTENU
Il s'agit d'un
psautier romain, adapté à l'usage de l'abbaye de Saint-Bertin.
Il est lacunaire du premier et des derniers feuillets.
Au nombre de l50, les Psaumes constituent le 21e livre de l'A.T. On les attribue le plus souvent à David, mais ils furent en fait rédigés entre les Xe et IIIe s. av. n. é. Les chrétiens les ont chantés dés le IVe siècle.
Leur numérotation varie quelque peu entre la version Septante/Vulgate (A) et la version hébraïque (B) :
A B
9 = 9/10
10 = 11
113 = 114 / 115
114 / 115 = 116
116 = 117
145 = 145
146 / 147 = 147
Jérôme de Stridon en fait une première traduction latine en s'appuyant sur les Hexaples d'Origène (mise en parallèle de six versions différentes des psaumes) d'où son appellation : révision hexaplaire. Cette traduction fut longtemps utilisées en Gaule ce qui lui valut l'autre nom de "psautier gallican".
Jérôme fera une seconde traduction du psautier lors de sa traduction de la Bible de l’hébreu au latin, mais c'est la version hexaplaire qui fut intégrée à la Vulgate.
Lorsqu'ils sont extrait de la Bible, les psaumes sont réunis dans les psautiers qui servent aussi bien à la liturgie qu'au dévotions privées. II existe deux types de psautier :
_Le psautier biblique qui réunis les psaumes dans l'ordre qui leur est donné dans la Bible.
_Le psautier liturgique qui les réparti selon les jours de la semaine : Dimanche = l à 25 ; Lundi = 26 à 37 ; Mardi = 38 à 5l ; Mercredi = 52 à 67 ; Jeudi = 68 à 79 ; Vendredi = 80 à 96 ; Samedi = 97 à l08. C’est le cas de notre manuscrit.
Certains psaumes ont un statu spécial, tels les 40 derniers psaumes sont lus aux vêpres, et les 7 psaumes de pénitence = 6, 3l, 37, 50, l0l, l29 et l42, et les l5 psaumes psaumes 119 A 133 du cantique des montées (ou graduel).
A la suite des psaumes se trouves les suffrages et la litanie des saints ainsi qu'un hymnaire.

DÉCOR
Ce manuscrit a beaucoup souffert, notamment de l'eau, et probablement aussi d'un usage intensif qui lui a valu d'être réparé plusieurs fois.
Il reste néanmoins, encore 8 initiales historiées, et des initiales champies (à l'or sur fond bicolore bleu et bistre) en nombre, ainsi que de nombreuses initiales et bout-de-lignes filigranés. Le style de cette lettre est identique à celui des initiales d'une série de manuscrits liturgiques produits a et pour l'abbaye de Saint-Bertin entre la fin du XIIe siècle et le début du XIIe siècle : un collectaire (ms. 93) ; un psautier (ms. 232) ; un Isaïe glosé (ms. 38). On peut aussi rapprocher de ce groupe le ms. 47, qui semble néanmoins plus tardif et dont le style est un peu différent. L'un des caractéristique de ces rinceaux dorés est le bord très découpé des feuilles qui terminent les antennes, qui trouve un écho dans certaines expressions du Chanel style que l'on observe notamment dans le ms. 221 qui vient de Clairmarais mais a probablement été produit en Champagne.
On observe une changement de style assez net à partir du f. 194. Le style des filigranes est moins raffiné et la palette augmente avec l'ajout de vert notamment.
Le style de ce décor suggère que ce volume a été copié et enluminé dans les premières décennies du XIIIe siècle. Il n'est pas sans rappeler le style Mainline Master et deux de ses aides, des enlumineurs brugeois actifs au milieu du XIIIe siècle qui ont réalisé les enluminures du Psautier de Gilbert de Sainte-Aldegonde.

ICONOGRAPHIE
L'iconographie du Psautier fait très tôt l'objet d'une attention particulière, et d'une iconographie récurrente. il est rare que les psaumes soient tous illustrés, généralement l’illustration du psautier liturgique se concentre sur le premier psaume de chaque série quotidienne, comme c'est le cas ici. Les types d'illustration qu'ils peuvent recevoir se classent en trois grandes catégories : les illustrations se rapportant à l'histoire de David, les illustrations interprétatives (le plus souvent elles sont christologiques), les illustrations littérales.
1 Beatus vir, qui non abiit : manquante
26 Dominus illuminatio (Le Seigneur est ma lumière et mon salut) : Le roi David fait un geste d'acceptation
38 Dixi custodiam (J'ai dit : Je garderai ma route de peur de pécher par la langue) : Le roi David désigne sa bouche.
52 Dixit insipiens in corde suo (L’insensé dit dans son cœur : il n’y a pas de Dieu ! ) : figure du fou portant une massue et mangeant un fromage.
68 Salvum me fac, Deus (Sauve-moi, ô Dieu, car les eaux arrivent jusqu’à mon âme) : le roi David enfoncé jusqu'à mi-corps dans l'eau, tend les bras vers Dieu qui le béni.
80 Exultate Deo (Chantez avec allégresse pour Dieu) : David musicien jouant du carillon.
97 Cantate Domino (Chantez à au Seigneur un cantique nouveau) : chantres à l'office
109 Dixit Dominus (Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite) : Maiestas Domini.

RELIURE
Refaite au XVIIe siècle, et remontée à l'envers: veau brun, dos à 4 nerfs, palettes dorées sur les nerfs, caissons fleuronnés, titre doré : "PSALTERIVM ROMANVM"

PROVENANCE
L'usage liturgique (litanies = prières d'intercession auprès de Dieu ou des saints, et les suffrages = prières en l’honneur de Dieu ou des saints), ainsi que l'ancienne cote attestent d'une provenance bertinienne.
C'est également confirmé par la présence, dans la marge inférieure du f. 161, du nom "Roland Marbai--", qui nous indique que ce volume a été utilisé par Roland de Marbais, originaire de Namur, qui entre à Saint-Bertin le 4 juillet 1561. Ce Roland est certainement le fils de François de Marbais (1526-1549), chevalier, seigneur de Marbais en Brabant et de Saint-Amand-lez-Fleurus et Hélène La Brique (15..-1559). Son nom apparait aussi dans le ms. 650, accompagné d'armes écartelées non identifiées mais don les 1 et 4 sont de Marbais.
Au f. 29v, on trouve une autre note du XVe siècle où l'on peut lire : "est mihi restituas amissum furte libellum Andreas Mamez divisus esse meum Xc perixit Carolus Mamez amatissimus isque ad arad---". Charles de Mamez, originaire de Furnes, est entré en religion à Saint-Bertin en vers 1572. Il fut directeur des novices, sous-prieur, chancelier, puis prévôt de la Moëre (cette prévôté n'est connue que par la mention de ses prévôts...). Il meurt en 1636 à 80 ans.

BIBLIOGRAPHIE
A. Travaux universitaires non publiés
_GOUDESENNE, Jean-François, Le Chant liturgique dans le nord de la France au Moyen Âge, pour une approche de la messe de Pâque & une étude des notations neumatiques, mémoire de maîtrise en musicologie, 3 vol., dir. M. C. Beltrando-Patier, Lille III, 1987 (extraits).

B. Bibliographie générale
_Institut de recherche et d'histoire des textes (IRHT-CNRS), «Notice de Saint-Omer, Bibliothèque d'agglomération de Saint-Omer, 355», dans Stutzmann Dominique (dir.), Saint-Bertin : centre culturel du VIIe au XVIIIe siècle, 2016. Consultation du 12/03/2019.

Contributeur
Roland de Marbais, moine de Saint-Bertin (15..-15..)
Charles de Mamez, moine de Saint-Bertin, directeur des novices, sous-prieur, chancelier, prévôt de la Moëre (1556-1636)
Cote
Ms. 0355
Groupe
Abbaye de Saint-Bertin (Saint-Omer)
Cote ancienne
184 (Saint-Bertin)
Période
12e - 13e siècle
Date
1180
Date de fin
1210
Type de document
Manuscrit
Catégories
Manuscrit
Collection
Manuscrits
Manuscrits > Abbaye de Saint-Bertin (Saint-Omer)
Informations bibliographiques
Bibliothèque de l’Agglomération du Pays de Saint-Omer
Droits
Numérisé par l’IRHT et financé par l’Équipex BIBLISSIMA - observatoire du patrimoine écrit du Moyen Âge et de la Renaissance

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