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Florilège augustinien sur les épitres pauliniennes

Titre_latin: Expositio in epistolas beati Pauli ex operibus sancti Augustini

Volume de 160 feuillets de parchemin, inscrit sur feuillets de parchemin inscrits sur deux colonnes de 36 lignes tracées à l'encre. L'écriture est une protogothique régulière, probablement d'une seule main qui présente des caractéristiques insulaires.

CONTENU
Il s'agit du second tome d'un ensemble de trois volumes avec les ms. : Saint-Omer 25, 24. Ils contiennent une série de compilations composées au IXe siècle par le diacre Florus de Lyon a partir de l’œuvre d'Augustin d'Hippone, mais qui n'ont pas été décorés par le même artiste.
Florus (v. 800-v. 860) est un pur produit de la Renaissance Carolingienne, il assiste les différents évêques qui se succèdent sur la cathèdre lyonnaise et va travailler à la réalisation de nombreuses compilations des des Pères de l’Église, en droit canon, liturgie, théologie, et exégèse. Dans son travail, il fait montre d'une véritable expertise en terme de critique d’authenticité de ses sources, et contribue a enrichir la libraire de son école cathédrale en assurant la formation des copistes, la restauration des anciens manuscrits, et la production de nouvelles édition, faisant de la bibliothèque lyonnaise une référence dans toute l'empire carolingien.

En outre le feuillet de garde supérieur est en parchemin de remploi et contient un fragment de la Passion des saints martyrs Georges le diacre palestinien, Aurèle et sa femme Nathalie composé par l’archevêque Euloge de Tolède. Ce feuillet a pu faire partie d’un volume disparu du légendier de Clairmarais (Saint-Omer, BA, ms. 716). La passion des autres martyrs de Cordoue (Georgius, Aurelius, Nathalie et Felix, compagnons de Flora et Maria), aurait figuré comme pièce 6 du tome F (perdu). Deux autres fragments de légendier, concernant le martyr Georgius, se trouvent remployés comme feuilles de garde dans les manuscrits 66 et 207.

DÉCOR
Le décor de ce manuscrit est typiquement cistercien, constitué d'initiales monochromes bleues et rouge, de taille variable selon leur rôle et leur place dans la structuration du volume. Les plus importante étant les initiales de début de livre qui sont les plus grandes.
Seule l'initiale de début de volume est richement ornée de palmettes rouges et vertes.
Lorsque l’on se penche sur les différents textes qui ont affirmé la position des cisterciens envers l’art, on se rend compte que ces derniers opposaient un refus quasi catégorique à toute forme d’expression artistique. On en trouve la concrétisation dès la première collection des statuts de l’ordre de 1131. Dans ces textes, tout est fait pour limiter au maximum la présence d’objets d’art et le luxe dans les abbayes de l’ordre : « Dans nos églises ou dans un local d’office quelconque, nous interdisons que l’on se livre à l’art de la sculpture ou de la peinture ; il est rare, en effet, que l’on puisse s’appliquer à cela sans négliger la sainte méditation, sans finir par oublier le sérieux de la vie religieuse. Nous admettons cependant les croix peintes en bois » (status cisterciens, collection. de 1131, stat. XX).
Une fois que Bernard eut énoncé la règle : « Les lettres devront être d’une seule couleur et non peinte » (Statuts cisterciens, LXXX), et que cette injonction eut été transmise dans les autres abbayes de l’ordre, la plupart des illustrations et ornements figuratifs furent supprimés des manuscrits. Cela a donné le troisième style de Cîteaux ou « style monochrome ».
Ainsi que le précise Y. Zaluska : « la monochromie n’est pas un trait purement cistercien, mais les moines blancs sont les premiers à l’avoir érigée en doctrine et à en avoir fait une forme de la quête de Dieu ». Ce style va s’épanouir durant les années quarante du XIIe siècle, jusqu’à la fin du troisième quart de ce siècle, puis, très vite, il laisse de nouveau la place à un retour à l’iconographie foisonnante.

RELIURE
Ais de bois couverts d'une liseuse de peau mégissée blanche et dont les rabats sont en parchemin de remploi, traces de bouillon, présence d'une fenestra de corne au plat inférieur.

PROVENANCE
« Liber sancte Marie de Claromareshe » inscrit à l'encre sur le dernier feuillet.

BIBLIOGRAPHIE

A. Catalogue d'Exposition
_L'Art du Moyen âge en Artois, Arras, 1951, cat. n° 52., p. 57.
_Saint-Bernard et l'art des cisterciens, Dijon, 1953, cat. n° 91, p. 53.

B. Bibliographie générale
_A. Wilmart, "Sommaire de l'exposition de Florus sur les épîtres", Revue bénédictine 38 (1926), p. 205-216.

_Donatien de Bruyne, A. Rome, André Wilmart, Elias AveryLowe, "Membra disiecta"; Revue bénédictine, 39 (1927), p. 185-197.

_BONDEELLE-SOUCHIER, Anne, Bibliothèques cisterciennes dans la France médiévale. Répertoire des abbayes d'hommes, Paris, 1991, P. 82-84, 87.

_Falmagne, Thomas, Les Cisterciens et les nouvelles formes d'organisation des florilèges aux 12e et 13e siècles, Union Académique Internationale, Bruxelles, 1997, p. 144. (1ere publication : Archivum Latinitatis medii aevi, 46/47, 1986/87 (1988), p. 73-172).

_STAATS, Sarah, Le catalogue médiéval de l'abbaye cistercienne de Clairmarais et les manuscrits conservés. Avec le concours de Caroline Heid et Donatella Nebbiai, et une contribution de Patricia Stirnemann, Paris : CNRS éditions, 2016, p. 75.

_Institut de recherche et d'histoire des textes (IRHT-CNRS), «Notice de Saint-Omer, Bibliothèque d'agglomération de Saint-Omer, 208», dans Stutzmann Dominique (dir.), Saint-Bertin : centre culturel du VIIe au XVIIIe siècle, 2016.