Missel à l'usage de Saint-Bertin (?)


Titre_latin
Missale ad usum sancti Bertini

Volume incomplet comptant actuellement 116 feuillets de parchemin, inscrits à 1ongues lignes sur 23 lignes d'une réglure à la mine de plomb. L'écriture est une ostrogothique régulière possiblement d'une seule main.

CONTENU
A l'origine du christianisme, on pratiquait essentiellement des messes solennelles, qui font intervenir plusieurs officiants autour du célébrant, chacun ayant une tache bien définie dont le déroulé était consigné dans un livre propre à son usage : le célébrant utilise un sacramentaire, le diacre l'évangéliaire, le sous-diacre un épistolier et le chœur des chantres a son graduel.
Mais avec le développement des messes basses et privées, cette division rendait les choses compliquées car le célébrant devait alors cumuler toutes les fonctions. C'est ainsi que l'on a progressivement enrichi le sacramentaire des différentes parties de l'office initialement contenues dans les autres livres liturgiques, dans ce que l'on a appelé le "Missel plénier". Si l’adjonction des lectures et des parties chantées s'observe occasionnellement et avec plus ou moins d'efficacité dès la fin du XIe siècle, les premiers missels proprement-dits apparaissent seulement à la toute fin du Xe siècle et surtout au début du XIe.
Ce missel est très mutilé, on ne conserve que la moitié du calendrier qui couvre les mois de mai à décembre.
On y trouve les principaux saints locaux : Winnoc, Judoc, Wulmer, Bertin, Omer. La fête de François d'Assise a été ajoutée à la main, ce missel a donc été copié avant sa canonisation en 1228. Il a fait l'objet d'autres additions : 19 mai : « iii » au dessus de Potentiane. « com » au-dessus de Dunstani « 26 mai : Augustini anglorum episcopi, au 26 mai, avec correction de la date d’Urbain» « 6 août : Transfiguratio Domini » « 4 oct. : Francisci conf. » « 21 oct. : XI. Milium virg. ».
On y trouve aussi une sainte peu commune, Hunégonde, qui s'est installée dans le Vermandois près de Saint-Quentin, dont le saint patron est aussi présent dans ce calendrier.

DÉCOR
Ce volume comprend deux enluminure pleine page et 10 grandes initiales émanchées et filigranées, ainsi qu'un grand ombre d'initiales filigranées.
Le style des filigranes est assez caractéristique du premier tiers du du XIIIe siècle avec ses jeux de lacets échelonnées et sophistiqués, le développement enroulements de plus en plus denses dans les panses des lettres, et les grappes de baies ou de petits ronds qui se collent aux antennes. Le décor de ces lettres est très proche de celui du Collectaire à l'usage de Saint-Bertin (ms. 93) et d'un psautier à l'usage de Saint-Bertin (ms. 232).
Les deux enluminures présentent aussi des caractère du style 1200 avancé, dans les années 1210-1230. On observe en effet une plus grande recherche dans le rendu des proportions, même si le canon reste trapu. Les drapés mouillés à l'antique sont près du corps dont on distingue les volumes. Tant par le style que par la palette employée, ces enluminures sont également très proches des deux manuscrits bertiniens que nous avons mentionnés plus haut.

iconographie
_F. 111v. : Le christ en croix entre Marie et Jean.
La scène est figurée sur un fond d'or et placée dans un cadre constitué d'une bordure extérieure dorée, et d'un bordure intérieure ornée, dans ses montant verticaux, de rameaux blancs sur un fond bicolor bleu et beige, dans ses bords horizontaux, d'une frise de palmettes sur fond ocre, avec des carrés aux angles dont le décor est désormais effacé.
Le christ est déjà mort, les yeux clos, vêtu du perizonium, et les pieds fixés par un seul clou sans suppedaneum, choix iconographique qui s’opère progressivement entre le milieu du XIIe et le milieu du XIIIe siècle. Il est crucifié sur une grande croix verte dont les extrémités outrepassent le cadre pour indiquer son importance, dans la partie supérieure sont figurés le soleil et la lune et le Golgotha est suggéré par une ligne de sol qui remonte légèrement au pied de la croix.
A la droite du christ est figurée la vierge Marie, chaussée de noir et vêtue d'une robe brun-rose ornée d'un semis de trois points blancs posés en triangle. Elle est enveloppée d'un manteau bleu ourlé de blanc qu’elle a passée sur sa tête en signe de deuil. Elle applique sa main gauche fermée contre sa joue en signe d’affliction, et désigne son fils de la main droite. Jean est figuré à la gauche du christ, pieds nus, vêtu d'une tunique beige et d'un manteau bleu ourlé de blanc. Il fait le geste d’affliction avec sa main droite et tient un livre dans la main gauche. Les trois personnages sont nimbés.

_F. 112v. La Majestas Domini. L'encadrement est cette fois constitué de deux baguettes dorées encadrant des frise de demie-palmette sur fond brun-rose pour les montant verticaux et une frise de palmette sur fond bleu et brun-rose sur la bordure supérieur. La bordure inférieur est plus large et contient circonscription "TE IGITVR" en lettre d'or sur fond alternativement rose et bleu et agrémenté de rincelets blancs. Aux écoinçons du cadre sont figurés quatre médaillons d'or cerclés de vert, contenant chacun un des quatre vivants du Tétramorphe, ailé et tenant un livre ou un phylactère. chaque vivant a la tête tournée vers la Majesté divine. Celle-ci est placée dans un quadrilobe vert a fond d'or. Les écoinçons dessinés par la bordure intérieure du cadre et le quadrilobe sont alternativement rose et bleu et ornés de rincettes blancs. La figure divine est vêtu d'une tunique rose et d'un grand manteau bleu ourlé de blanc, elle trône sur un socle carré rouge et vert, ses pieds nus reposent sur un globe terrestre figuré par une carte en T dans l'O dont le contient asiatique est peint en rouge. Il est barbu, cheveux long, arbore un nimbe crucifère rouge, il fait le signe de la bénédiction de la main droite et tient un globe crucifère dans la main gauche.

RELIURE
Refaite au XVIIe siècle : veau brun raciné, dos à 4 nerfs, dorure effacée

PROVENANCE
Dans la calendrier, la date de la fête de la dédicace de l'église à laquelle appartenait ce missel est indiquée au 28 octobre.
Cette mention avait fait dire au chanoine Leroquais (Sacramentaires, I, p. 358, n° 188) que ce missel est à l'usage de Marchiennes mais ce dernier note par ailleurs (II, 51) que Marchiennes a sa dédicace le 26 octobre ! Il ne peut donc pas s'agir de Marchienne.
Mais surtout le 25 octobre "ou le dernier dimanche d'octobre" est le jour ou est célébré la solennité de la dédicace des églises dont on ignore la date de consécration ! Or dans le calendrier de ce missel, cette mention apparait bien le dernier dimanche d'octobre... Bref cette date de dédicace ne nous aide pas... Au mieux peut on remarque que la présence des grands saints audomarois suggère un usage local. Eut égard aux rapprochements stylistiques que nous avons fait plus-haut, nous proposons de rendre ce manuscrit à l'abbaye de Saint-Bertin.

BIBLIOGRAPHIE
_Rémy cordonnier, Six ans de découverte dans les fonds anciens, plaquette d’accompagnement de l'exposition (Saint-Omer 01-06 - 31 08 2018), Saint-Omer, BAPSO, 2018.
_Institut de recherche et d'histoire des textes (IRHT-CNRS), «Notice de Saint-Omer, Bibliothèque d'agglomération de Saint-Omer, 343», dans Stutzmann Dominique (dir.), Saint-Bertin : centre culturel du VIIe au XVIIIe siècle, 2016. Consultation du 13/01/2023.
_USUARIUM : https://usuarium.elte.hu/book/2687/view

Cote
Ms. 0343
Groupe
Abbaye de Saint-Bertin (Saint-Omer)
Période
13e siècle
Date
1210
Date de fin
1228
Type de document
Manuscrit
Catégories
Enluminure
Manuscrit
Partition
Collection
Manuscrits
Manuscrits > Abbaye de Saint-Bertin (Saint-Omer)
Informations bibliographiques
Bibliothèque de l’Agglomération du Pays de Saint-Omer
Droits
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