Recueil


Titre_latin
De Isaac vel anima
De bono morti
De fuga saeculi
De Iacob et vita beata
De paradiso et Adam et Eva
De obitu Valentiniani
Epistola ad Vercellenses (Ep. 14)

Volume de 136 feuillets de parchemin, inscrits à longues lignes sur réglure de 27 lignes tracées à la pointe sèche. L'écriture est une caroline régulière mais de plusieurs mains. Les feuillets 72, 74 ont été refaits au XIIe siècle, inscrits dans une protogothique d'une seule main.

CONTENU
Il s'agit d'un recueil de sept textes d'Ambrosius, évêque de Milan, et l'un des quatre docteurs de la Chrétienté d'Occident avec Augustin, Jérôme et Grégoire le Grand. Issu d'une famille de hauts fonctionnaires romains, il a reçu une éducation complète et raffinée et entama une carrière juridique dans l'administration romaine avant d'être élu évêque de la ville. Siège qu'il occupe de 374 à 397. Sa politique religieuse achève la christianisation des institutions impériales romaines commencée au début du ive siècle par Constantin, et aboutit en Occident à la suprématie de l'Église sur l'empereur dans le domaine religieux. Ses sermons et traités théologiques, presque tous adaptés ou traduits de sources grecques, se situent dans la tradition exégétique de Philon et d'Origène d'Alexandrie.

L'ouvrage est introduit par une table qui couvre la totalité du volume.

1°_f. 1-24 : Isaac ou le traité de l'âme. Dans ce traité Ambroise compare le mariage en Isaac et Rebecca à l'union mystique de l'âme âme du croyant avec le Christ.
2°_f. 24-43 : De traité de la Mort comme un bien est la suite du livre sur Isaac où Ambroise enseigne à faire l’apprentissage de la mort par la mortification qui permet d’accueillir la mort comme délivrance
3°_f. 43-61v : Isaïe ou la fuite du siècle. Publié sans doute dans les toutes dernières années d’Ambroise, le traité Sur la fuite du siècle est une méditation sur la fuite spirituelle loin du monde terrestre. Cette fuite répond à un idéal, l’aspiration de l’âme à s’élever vers Dieu. Elle emprunte des formes variées, de l’érémitisme à la fuite spirituelle en soi-même, en passant par l’appartenance à une communauté d’ascètes. Le traité d’Ambroise est le premier à aborder un thème spirituel majeur pour l’Occident, dont l’influence sur la vie chrétienne culmine au Moyen Âge dans les traités monastiques sur le « mépris du monde ». Ambroise puise dans des traditions intellectuelles diverses, de la philosophie platonicienne à l’exégèse allégorique du juif Philon d’Alexandrie, pour les refondre à la lumière de l’écriture.
4°_f. 61v-89v : Jacob et la vie heureuse. Le traité Jacob et la Vie heureuse, publié à la fin du IVe siècle, rassemble plusieurs prédications d'Ambroise, récrites pour former un tout. Il y adapte aussi bien le IVe Livre des Maccabées, qui transforme les héros juifs en figures des martyrs chrétiens, que le traité Sur le Bonheur de Plotin. Tout gravite autour de l'Épître aux Romains, par laquelle l'auteur invite païens et juifs à s'ouvrir aux leçons de l'Évangile et à la Grâce du Christ. La réflexion théorique du livre premier est illustrée, au livre second, par une exégèse sélective de la vie du patriarche Jacob, le lutteur en qui les épreuves de la vie n'altèrent pas un bonheur garanti par le lien privilégié qu'il entretient avec Dieu. Ce petit manuel de sagesse chrétienne a ainsi encore quelque chose à dire au lecteur d'aujourd'hui, croyant ou agnostique : il lui rappelle quelques fondements intangibles de la conduite humaine, le rôle de la « droite raison » dans la quête de la sagesse, la liberté de la volonté humaine face au mal, et décrit les chemins ardus du bonheur, qui réside moins dans les vaines satisfactions de ce monde que dans un effort constant pour aller au-delà des limites d'une existence fragile et précaire, en cherchant l'unité de l'être dans un dépassement qui pour Ambroise de Milan porte le nom du Christ.
5°_f. 89v-108 : Du Paradis, et Adam et Eve. Ambroise y réfute les thèses manichéennes et donne des faits de l’histoire primitive une exégèse allégorique et mystique.
6°_f. 108-119v : Sur la mort de Valentinien II.L’oraison funèbre de l’empereur Valentinien II (375-392) a été prononcée par Ambroise, évêque de Milan, en juillet/août 392, plus de deux mois après la mort du prince, le 15 mai 392 à Vienne (en Gaule), d’où il se disposait à passer en Italie. Des raisons politiques, mais surtout des relations personnelles, de respect filial chez l’un, d’affection paternelle chez l’autre, unissaient l’empereur, mort à 21 ans, et son prestigieux aîné. La mort brutale et inattendue de Valentinien avait soulevé la question du « genre de la mort » : assassinat ou suicide ? À cette question, qui aujourd’hui encore n’est pas tranchée, l’évêque se refusa, par prudence politique ou manque de certitude, à répondre, tout en s’efforçant de répliquer à ceux qui l’incriminaient pour cette mort. En tant que témoin le plus proche, le plus directement intéressé, il souhaite éviter de créer la division dans une cérémonie aussi solennelle. Tourmenté par le remords d’avoir tardé à conférer le baptême à Valentinien, il souligne l’importance du baptême de désir, tout en rappelant le sens chrétien de la mort comme étape vers la vie éternelle. Ambroise a ainsi donné à son discours la forme et le ton d’une prière, la Bible – notamment le Cantique des cantiques – prenant progressivement le pas sur la rhétorique classique et la poésie profane.
7°_f. 119v-135v : Lettre 14 à la communauté de Verceil.

Sur les derniers feuillets ont été ajoutés des fragments du sacramentaire gélasien (f. 135v), des péricopes évangéliques sur la naissance de s. Jean Baptiste (ev. Luc) et mission de s. Pierre (ev. Jean) (f. 136-137, et un passage de de la vie de Denis l'Aréopagite (f. 137v).

DÉCOR
Ce volume est très peu décor. On note seulement la présence de quelques lettres ornées d'entrelacs peux soignés, parfois rehaussé de vermillon : I (f. 1), Q (f. 24), N (f. 61v), S (f. 73), D f. 89v), E (f. 108).

RELIURE
Refaite au XVIIe siècle : veau brun jaspée, tranches jaspées, dos à 5 nerfs , palettes dorées en tête, en queue et sur les nerfs, caissons fleuronnés, titre doré "VA[RIA] AM[BROS] OP[ERA]".
NB, entre les f. 7 et o on trouve des renforts de fonds de cahiers en parchemin de remploi qui contiennent des fragments du commentaire sur l’Évangile selon Luc de Bède le vénérable datable du VIIIe siècle.
Sur la garde de papier on trouve également la mention "Collationé en 1724 pour la nouvelle édition", qui fait très certainement référence à l'édition éditée par les Mauristes en 1748 (Opera ad manuscriptos codices vaticanos, gallicanos, belgicos, etc nec-non ad editiones veteres emendata studio et labore monachorum ordinis s. Benedicti e congregatione S. Mauri).

PROVENANCE
Ce volume provient de Saint-Bertin comme l'indique sa cote du XVIIIe siècle, la mention du second folio, ainsi que l'ex-libris «De libraria sancti Bertini» le tout sur le verso de la garde sup.
On note aussi que le grand humaniste Airois, Frans de Maulde dit Franciscus Modius, a consulter ce volume et l'a annoté en septembre 1594 comme il le signale lui-même au verso de la garde sup. : « Usus sum hoc libro et repperi satis bonae notae. Ariae mense septembri anni M. D. XCIV. Fr. Modius canonicus Ariensis ».

BIBLIOGRAPHIE
_Lehmann, Paul, Franciscus Modius als Handschriftenforscher, QMunich, Beck, 1908.

_Murray, Michael Gorman, “From Isidore to Claudius of Turin: The Works of Ambrose on Genesis in the Early Middle Ages.” 2007. The Study of the Bible in the Early Middle Ages cur. Michael Murray Gorman, Florence, SISMEL Edizioni del Galluzzo, 2007, p. 1-18.

_S. Ambrosii opera, Pars 2. De Iacob, De Ioseph, De patriarchis, De fuga saeculi, De interpellatione Iob et David, De apologia David, Apologia David altera, De Helia et ieiunio, De Nabuthae, De Tobia, Corpus scriptorum ecclesiasticorum Latinorum, 32, Vienne, 1897.

_S. Ambrosii Oper,a pars 10. Epistulae et acte, t. III. Epistularum liber decimus. Epistulae extra collectionem. Gesta concili Aquileiensis, Corpus scriptorum ecclesiasticorum Latinorum, 82, Vienne, 1992.

_S. Ambrosii Opera. Pars 1. Exameron, De paradiso, De Cain et Abel, De Noe, De Abraham, De Isaas, De bono mortis, Corpus scriptorum ecclesiasticorum Latinorum. 32, 1, Vienne, 1896.

_Wilmart, André. . “François Modius, chanoine d'Aire (1590-1597), lit et soussigne des manuscrits de Saint-Bertin”, Bulletin historique de la Société des antiquaires de la Morinie, 14 (1923), p. 116-120.

_Institut de recherche et d'histoire des textes (IRHT-CNRS), «Notice de Saint-Omer, Bibliothèque d'agglomération de Saint-Omer, 72», dans Stutzmann Dominique (dir.), Saint-Bertin : centre culturel du VIIe au XVIIIe siècle, 2016.

Auteur
Ambroise de Milan (v. 340-v. 397)
Cote
Ms. 0072
Groupe
Abbaye de Saint-Bertin (Saint-Omer)
Cote ancienne
64 (Saint-Bertin)
Période
9e siècle
Date
840
Catégories
Manuscrit
Collection
Manuscrits
Manuscrits > Abbaye de Saint-Bertin (Saint-Omer)
Informations bibliographiques
Bibliothèque de l’Agglomération du Pays de Saint-Omer
Droits
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