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Recueil de textes normatifs à l'usage de Saint-Léonard de Guînes

Titre_latin: Obituarium

: Confraternitas

: Martyrologium Usuardi

: Regula sancti Benedicti

Volume de 143 feuillets de parchemin, inscrit a longues ligne sur 46 lignes d'une réglure à la mine de plomb. L'écriture est une majoritairement une textualis, mais on y trouve aussi de la protogothique. On distingue plusieurs mains d’époques différentes.

CONTENU
Il s'agit d'un recueil factice de plusieurs textes relatifs à l'organisation de l'abbaye.

1°_f. 1-24v : il s'agit de l’obituaire de l'abbaye, c'est à dire le livre contenant la liste des défunts pour l'anniversaire desquels la communauté devait prier ou célébrer un obit : une messe célébrée par fondation pour un défunt à la date anniversaire de son décès. D'après Jean-Loup Lemaître, cette partie du manuscrit a été écrite après 1305 et avant 1330.

2°_f. 25-26v : Ce document est un peu lus ancien que le précédent, datable de la fin du XIIe siècle ou du début du XIIIe. Il s'agit de la Copie d'actes de confraternité, précédée par le formulaire utilisé par l'abbaye pour accorder sa confraternité. Ce parti comprend en outre un colophon : "Ego Willelmus, Andrensis ecclesiae qualiscumque monachus, cupiens in libro celestis vite conscribi, presentem librum scripsi, illuminavi, ligavi, ligatumque et emendatum beato Leonardo obtuli ; quatinus in perpetuum in ipsius ecclesia substituendus conventus in lectione ejus edificetur, atque pius confessor sui scriptoris memor esse dignetur, per omnia secula seculorum. Amen. » La mention de Guillaume d’Ardres est contemporaine du manuscrit et pourrait être de la même main que la majeure partie du martyrologe. Guillaume d’Ardres est auteur d’une chronique de son monastère.
On a également ajouté un morceau de parchemin cousu au verso du f. 25, avec le nombre de jours, un peu plus de 29 en l’occurrence, d'une lunaison (temps nécessaire à la Lune pour se retrouver dans une même position par rapport au Soleil dans sa rotation autour de la terre).

3°_f. 27-95v : le Martyrologe d'Usuard, liste de saints compilée vers 865 par Usuard, moine de Saint-Germain-des-Prés, dédié à Charles le Chauve. D'après Jean-Loup Lemaître, «Martyrologe d'Usuard, dépourvu des préfaces.» Il manque au f. 93v une lecture qui a été copiée au f. 111r après le lectionnaire, comme cela est indiqué dans la marge : «Post hanc lectionem que est tercio idus decembris require lectionem que est pridie idus ejusdem in ultimo folio post Evangelia.»
Sur le dernier feuillet de cette unité se une liste des évêques de Thérouanne écrite dans une écriture diplomatique, et qui va d'Augimund (Antimonde) à Lambertus : Lambert de Bruges, évêque de 1191 à 1207, ce qui donne une datation pour le manuscrit. Les autres noms d'évêques de Johannes à Jacobus ont été ajoutés par trois mains différentes (avec une précision sur Jacques de Boulogne par Guillaume De Whitte : «Jacobus de Bolonia qui obiit 1302».

4°_f. 96-111 : suit un lectionnaire dominical, contenant les lectures des dimanche de l’année (ici jusqu'au 25e) et en quelques autres occasions, telles Noël et le triduum pascal, et présentant, dans l’ordre liturgique les péricopes à la fois les épîtres (le plus souvent tirée des Épîtres canoniques, mais aussi des Actes des apôtres, de l’Apocalypse ou de l’Ancien Testament) et les évangiles de la messe.

5°_f. 111v-113 : des listes de dédicaces d'autels (en 1158 et 1163) et des actes établissant des distributions établies au monastère, ainsi que des commémorations diverses et des coutumes en vigueur a l'abbaye de Guînes.

6°_f. 113v-143 : le dernier textes de ce recueil est une copie de la Règle bénédictine. Avec, sur le dernier feuillets, l’ajout au XIIIe siècle d'une liste des témoins présents à un accord passé entre Simon de Cauquille et les moniales.

DÉCOR
Le décor de ce manuscrit se concentre sur le martyrologe d'Usuard qui s'ouvre sur une grand initiale "V" évidée, chrysographiée et filigranée. Les autres initiales sont filigranées, parfois émenchées, alternativement bleues, rouges et vertes. Assez sobre dans l'ensemble on note un travail particulier pour les initiales KL qui marquent les changement de mois, généralement un peu plus travaillées et d'un module plus important.
Les lettres ornées de la règle bénédictine sont assez proches que celle du martyrologe, et l'espace pour la première lettre est resté vide.

RELIURE
Refaite au XVIIe siècle, veau brun jaspé, tranches jaspées, dos à 5 nerfs, doubles filets dorés en tête, en queue et en pieds de nerfs, fleurons dorés sur les caissons, titre doré (caché par l'étiquette).

PROVENANCE
Ce volume a vraisemblablement été copié à Saint-Bertin, mais pour l'abbaye Saint-Léonard de Guînes. Il a aussi pu avoir été copié directement a l'abbaye.
L'abbaye Saint-Léonard est un monastère de femmes, fondée en 1117 par le comte Manasses de Guînes et son épouse Emma de Tancarville qui y finira ses jour après le décès de son maris. Le cartulaire de Saint-Bertin précise que les fondateurs Manassès et Emma de Tancarville donnent la direction du monastère de Saint-Léonard à l'abbaye de Saint-Bertin en 1129, à charge pour l'abbaye de l'administrer suivant la bénédictine. En 1182, le pape Lucius III décide la réunion de l'abbaye de Saint-Léonard et de ses biens à l'abbaye Notre-Dame de Bourbourg.

BIBLIOGRAPHIE
_Lemaître, Jean-Loup. 1980. Répertoire des documents nécrologiques français. Paris : Acad. des Inscriptions et Belles-Lettres. Recueil des Historiens de la France, Obituaires,. vol. VII/1-2,
_Molinier, Auguste. 1890. Les obituaires français au Moyen Age. Paris : Imprimerie Nationale.
_Institut de recherche et d'histoire des textes (IRHT-CNRS), «Notice de Saint-Omer, Bibliothèque d'agglomération de Saint-Omer, 112», dans Stutzmann Dominique (dir.), Saint-Bertin : centre culturel du VIIe au XVIIIe siècle, 2016.