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Recueil

Titre_latin: De concordia prescientiae et predestinationis et Gratiae Dei cum Libero Arbitrio

: Tracatus de canone altaris

: De tribus diebus

: De tribus oculis

: De canticis Canticorum

: De tribus silentiis

: De duabus piscinis Ierusalem

: Que sit summa secientia

: Textus spirituales [18]. 4 Hac dies quam fecit Dominus

: De corpore Domini.

: De quarto regum libro

: De actibus apostolorum

: De sacramento baptismi

: Quid distet inter amorem mundi et amorem dei

: Qui cum forma Dei esse

: De Spiritus sancto (extraits)

: Sententiae

: De creatione angelorum

: De usu rerum

: De heresis Symoniaca

Volume de 100 feuillets de parchemin, inscrits à longues lignes sur 31 lignes d'une réglure tracée à la mine de plomb. L'écriture est une protogothique régulière mai on distingue deux mains, une pour chaque unité codicologique.

CONTENU
Il s'agit d'une recueil réunissant deux unités distinctes :

A. f. 1-33v.
_1°, f. 1-22v : Il s'agit du traité d'Anselme de Cantorbery sur l'accord de la prescience, de la prédestination et de la grâce de Dieu avec le libre arbitre. Nous savons par Eadmer, (Vita, l. II, n. 71, col. 114), qu’Anselme l’écrivit dans les derniers temps de sa vie. Il y traite de façon plus détaillée de ces trois questions difficiles, qu'il avait déjà évoqués dans d'autres travaux, où il s’inscrivait dans la tradition augustinienne : "Si j’y ai dit quelque chose qui satisfasse le chercheur, je ne me l’attribue pas ; car non ego, sed gratia Dei mecum. Je dis cela, car si, au milieu de mes recherches sur ces questions, quand mon esprit allait çà et là pour trouver les réponses de la raison, on m’eût donné celles qui sont écrites ici, j’aurais remercié, car j’eusse été satisfait. Puis donc que ce que j’en ai pu voir, à la lumière de Dieu, m’a beaucoup plu ; sachant que d’autres aussi seraient heureux si je l’écrivais, j’ai voulu donner gratis à leur demande ce que j’ai reçu gratis. " Q. III, c. XIV, col. 540-542.

_2°, f. 22v-33 : C'est la traité sur le canon de la messe d'Odon de Tournai. Après avoir fondé le monastère de Saint-Martin de Tournai, il est créé évêque de Cambrai en 1105, mais il rencontre l'opposition de son concurrent et se réfugie à l'abbaye d'Anchin. Dans son traité sur la messe il explique la symbolique des prières liturgiques et le mystère eucharistique.

B. f. 34-100v.
_3°, f. 34-50v : Le De tribus diebus de Hugues de Saint-Victor (vers 1141) traite de la contemplation de dieu à travers les créatures. C'est une œuvre inclassable qui abonde en traits suggestifs : la nature comparée à un livre, une preuve originale de l'existence de Dieu, un emploi récurrent de la triade "puissance, sagesse, bonté", qu'Abélard allait rendre fameuse par ses théories controversées sur la Trinité. Cette densité doctrinale explique que l'ouvrage ait si vite rencontré un large succès dans les écoles et les cloîtres. Sa cosmologie s'ouvre sur une théologie anthropologique basée sur la Trinité et les trois jours de l'itinéraire spirituel : le jour du Père, le jour du Fils et le jour du Saint-Esprit. Dans la troisième partie de l'ouvrage, l'A. étudie l'origine des « appropriations trinitaires », triade rendue célèbre par Abélard dans sa Theologia summi boni : réflexion sur le mystère trinitaire qui s'intensifie au début du XIIe s., fondée sur Augustin, Boèce, Ratramne, Gottschalck, et la querelle du filioque qui aboutit à la rupture de 1054, puis reprise par saint Anselme, Roscelin et Abélard : elle le mettra en cause, ainsi que Guillaume de Conches et Gilbert de la Porrée. Il s'agit d'une tradition multiple et contestée, dans laquelle il fallait remettre de l'ordre. À l'issue de cette analyse il apparaît, contrairement à l'opinion reçue, que l'antériorité de la triade potentia / sapientia / benignitas appliquée à Dieu appartienne à Hugues plutôt qu'à Abélard : elle est l'aboutissement de sa pensée alors qu'elle est le point de départ de celle d'Abélard qui la considère comme acquise.

_4° un florilège de textes essentiellement d'Hugues de Saint-Victor et de Sentences de l'école de Laon (possiblement copiés directement de la Summa sententiarum) :
__1, f. 50v-52 : De tribus oculis.
__2, f. 52-55 : De canticis Canticorum
__3, f. 55-56 : De tribus silentiis
__4, f. 56-57 : De duabus piscinis Ierusalem.
__5, f. 57-58 : Que sit summa secientia.
__6, f. 58-59 : Textus spirituales [18]. 4 Hac dies quam fecit Dominus.
__7, f. 59-60v : De corpore Domini.
__8, f. 60v-61v : De quarto regum libro.
__9, f. 61v-63 : De actibus apostolorum.
__10, f. 63-64 : De sacramento baptismi.
__11, f. 64-64v : Quid distet inter amorem mundi et amorem dei.
__12, f. 64v-65 : Qui cum forma Dei esse.
Tous ces textes se trouvent dans le ms. de Douai, 365 (Anchin, F 101 D 387) et les textes à 3 à 12 se suivent dans le même ordre (cf. Roger Baron, "Étude sur l'authenticité de l'œuvre de Hugues de Saint-Victor d'après les manuscrits Paris, B. Mazarine 717, BN 14506 et Douai 360-366", Scriptorium Année 1956 10-2 pp. 182-220, ici p. 204-205, nos textes correspondent aux n° 102 à 111, le n° 1 correspond au n° 114 et le n° 2 au n° 93).
__13, f. 65-66 : Pascasius, Res materialis materialem nescit penetrare substantiam. Solus Deus, in quo intelligitur et spiritus Sanctus... Il s'agit d'un extrait du traité sur le Saint-Esprit de Paschase Radbert, II, 1, col. 25, mais qui se poursuit sans rupture par un extrait de Didyme d'Alexandrie, De Spiritus sancto, lxi-lxii : "Et Didimus, Sathanas quippe mentem alicuius... posse trinitatis intrare
__14, f. 66v : Contra v sensus corporis enumerantur V senus animae, et sic animae est vita corporis et vegetatur ab ea et sensualitatem habet... - ...et ubi non est divino assimilatur. (Lottin, Psychologie et morale aux XIIe et XIIIe siècles. Tome V. Problèmes d'histoire littéraire. L'école d'Anselm de Laon et de Guillaume de Champeaux. Gembloux 1959, p. 296-297, Nr. 431).
__15, f. 66v : Omnibus pie convertentibus... (Lottin, 1959, 417 ; voir Lottin O., Nouveaux fragments théologiques de l'école d'Anselme de Laon 261, in: RTAM 14 (1947), Table des incipits n° 261).
__16, f. 66v. : Qui fidem trinitatis non habent (Fill, Hauke, Katalog der Handschriften des Benediktinerstiftes Kremsmünster III/1, Registerband, Wien, 1984).
__17, f. 66v-67 : Quicumque igitur est serpens scorpio lapis... (Sicard, "Repertorium sententiarum quae in saeculi XII Hugonis de Sancto Victore operum codicibus inveniuntur, I", Sacris Erudiri, XXXII-2 (1991), p. 171-221, n° 177).
__18, f. 67 : Notandum quod VI modis accipitur infernus (non identifié)
__19, f. 67-67v : deux extrait du Sermon XVII d'Augustin d'Hippone sur Jean : Quadragenarus numerus sacratus nobis
__20, f. 67v : [De usu rerum] Sicut homo utitur, bonus vel malus, visibili materia : terra, aqua, aere, igne pro modo suo... illi sunt in materia sui operis (Lottin, 1947 n° 179); ; ici attribue à "Greg[orius] Sangl[en]is".
__21, f. 67v : (ajout postérieur mais contemporain, d'une autre main) Anselm de Canterbury, Proslogion, XIII : Omnino circumscriptum est quod alicubi totum... et alii spiritus sunt incircumscripti et aeterni.
__22, f. 68-87v : [summa sententiarum - somme de Munich Clm 4631, f. 141-142'; Clm 22307, f. 112v-113r] Deus non habet initium vel terminum et ipse, qui tantus est, voluit cognosci... De creatione angelorum. angelos vero fecit hoc modo. Tria dedit eis in ipsa creatione... cumque pars illa que fuit athomus, facta sit non athomus et divisibilis partes eius quae sunt diverse. (Cf. Mazal, Otto und Franz Unterkircher, Katalog der abendländischen Handschriften der Österreichischen Nationalbibliothek, "Series Nova": Teil 3, Cod. ser. n. 3201-4000, Wien 1967).
__23, f. 88 (ajout postérieur mais contemporain, d'une autre main) Anselm de Canterbury, Proslogion, XX : ante et ultra omnia...
__24, f. 88-89 : [De heresis Symoniaca] Symoniaca heresis a Symone Mago, ut quidam volunt, non habuit principium...
__25, f. 89-89v : Rogitastis utrum maius esset sacramentum manus impositio... (Württemberg. LB, HB II 47, f. 57v ; Boese, Helmut, Die Handschriften der Württembergischen Landesbibliothek Stuttgart 2/1 HB II 1-60, III 1-59, IV 1-36, Wiesbaden 1975).
__26, f. 89v : Utrium he virtutes in futura vite sint...
__27, f. 89v-91 : extraits d'Augustin d'hippone : Non impeditur baptismi...
__28, f. 91-92 : Gilbertus Pictaviensis, Media Glossatura (Ps. Prologus ‘Prophetia interpretatur visio’ )Prophetia interpretatur visio; non tamen quelibet visio sed secundum usum nostrum
__29, f. 92 : Queri potens unde Balaam tantam potestatem maledicendi habuerit...
__30, f. 92-92v : Si scire velimus quomodo malum nichil sit. Primus est videndum quid vocemus iusticiam
__31, f. 93 : Tria sunt genera hominum Deo servientium...
__32, f. 93-93v : Nota quod invincibilis infirmitas...
__33, f. 93v-95v : Quicquid non est ex fide, peccatum est...
__34, f. 96-96v : Tribus modis tentatur homo
__35, f. 96v : Consensus vero duobus modis...
__36, f. 96v : Contempnere Deum est contra eius precepta agere...
__37, f. 96v : Tribus modis peccatus...
__38, f. 97-100v : Causa coniugii debet esse spes prolis uel etiam incontinentia... [incomplet de la fin].

DÉCOR
Les deux textes de la première unité codicologiques sont ornés d’initiales jaunes, vertes et rouges à protofiligranes. Les divisions secondaire du texte sont marquée par des initiales de couleur, rouges, vertes et bleues de module plus petit.
La second unité codicologique ne présente que des initiales rubriquées.

RELIURE
Refaite au XVIIe siècle : veau brun jaspé, armes poussées à l'or sur les plats, tranches jaspées, dos à 4 nerfs, palettes dorées sur les nerfs, caissons fleuronnés, titre doré : "AMSELMI ET VARIO OPVSCV"

PROVENANCE
f. 95v : "liber sci Bertini" inscrit à l’encre dans la marge inférieure (XVe siècle).
Ancienne cote de Saint-Bertin et relié aux armes de Benoit de Béthune.

BIBLIOGRAPHIE
_Institut de recherche et d'histoire des textes (IRHT-CNRS), «Notice de Saint-Omer, Bibliothèque d'agglomération de Saint-Omer, 379», dans Stutzmann Dominique (dir.), Saint-Bertin : centre culturel du VIIe au XVIIIe siècle, 2016.