Le Sexte avec les gloses de Jean André et du Cardinal Lemoine
Période
13e - 14e siècle
Description
Volume de 172 feuillets de parchemin, inscrits sur deux colonnes de 93 lignes d'une réglure tracée à l mine de plomb. L'écriture est une gothique rotunda italienne assez régulière.
Il manque au moins trois cahiers entre les f. 96 et 97.
CONTENU
Il s'agit d'une copie du Sexte, un recueil de droit canon promulgué le 3 mars 1299 par le Pape Boniface VIII, comme l'indique l'explicit du volume : « Explicit liber VI Decret. Datum Romæ apud S. Petrum, nonas martii, pontificatus nostri anno quarto. ».
Le titre curieux de ce volume est une abréviation couramment employée d'après le titre latin "Sextus Liber Decretalium", que l'on peut traduire par "Sixième livre des Décrétales", en référence aux cinq premiers livres de décrétales promulguées par le Pape Grégoire IX en 1232.
Les compilateurs de ce recueil officiel sont des juristes de l'Université de Bologne. Les trois principaux sont l'archevêque d'Embrun, Guillaume de Mandagout, l'évêque de Béziers, Béranger de Frézouls, et le vice-chancelier de l'Église, Riccardo Petroni.
Le texte du Sexte est organisé en 5 livres de 76 titres et 359 chapitres, accompagnés d’un appendice intitulé "De regulis juris" (Des règles de droit), relatif au droit civil et largement emprunté au Vieux Digeste.
Ce volume comprend aussi les commentaires de deux grands juristes du XIIIe siècles qui ont glosé la totalité des Décrétales : Jean André et le cardinal Jean le Moine. Leurs contributions sont signalées par des mentions abrégées de leurs noms dans la marge "Jo Car" pour le Cardinal et "Jo An" pour Jean André.
Par ailleurs, on trouve aux folio 196v-197 une copie de l'Encyclique Exiit qui seminat seminare semen suum de sinu Patris in mundum veste de Ncolas III (1277-1280), ce qui nous donne un terminus post quem en 1279.
Plusieurs mains postérieures ont également ajouté des commentaires et des signes paratextuels de lecture tout au long du volume.
DÉCOR
Le décor est constitué d'une miniature à encadrement marginal en début de livre, et de nombreuses lettres ornées et filigranées.
Le style semble être une expression locale de l'enluminure parisienne qui se développe entre la fin du XIIIe siècle et le début du XIVe siècle (on le retrouve dans le ms. 70 de la Bibliothèque d'agglomération).
Le style de l'écriture étant italianisant, il peut s'agir d'une copie réalisée dans un scriptorium bolonais et enluminé plus tard à Paris ou dans notre région. Mais dans la mesure ou la rotuna italienne se diffuse progressivement dans les scriptoria parisien spécialisés en droit à partir de la fin du XIIIe siècle, il est aussi possible que le volume ait été intégralement réalisé à Paris.
Les rubriques des décrétales sont du XVe siècle.
ICONOGRAPHIE
La miniature introductive nous montre une scène classique pour ce genre d'ouvrage. Les compilateurs, ici représentés par un dominicain, un juriste laïc, un chanoine et un autre laïc, rendent leur travail au commanditaire, le Pape, auprès duquel il sont introduits par un cardinal.
Le Souverain pontife est figuré en majesté sur sa cathèdre, accompagné d'un collège de cardinaux. La scène est figurée sur un fond d'or, et le décor de la page est rehaussé par un encadrement marginal de baguettes et de vignetures, sommées de part et d'autre de la miniature de deux serpents.
Dans la marge inférieure sont figurés deux hybrides zoomorphes.
RELIURE
Refaite au XVIIIe siècle, ais de cartons couverts de veau brun tacheté, dos à 5 nerfs, palettes dorées sur les coiffes, roulettes dorées sur les nerfs, caissons fleuronnés, titre doré : "DECRETALIA LIBRUM VI".
PROVENANCE
Le volume porte une cote ancienne de Saint-Bertin ainsi que la traditionnelle mention du second folio.
BIBLIOGRAPHIE
_Splendeurs et lumières des bibliothèques ecclésiastiques audomaroises au Moyen Âge (IXe-XVIe s.), Saint-Omer, 2013, p. 26.