Lectionnaire et homéliaire pour les dimanches et les fêtes des saints du temps ordinaire
Auteur
Bède le Vénérable, saint (0673?-0735)
Grégoire le Grand (540 - 604), pape, saint
Fulgence de Ruspe (v. 462-v. 533), saint, évêque
Jean Chrysostome (344-407), archevêque de Constantinople, père de l'Église grecque
Augustin, saint (0354-0430), évêque d'Hippone
Période
13e siècle
Description
Volume de 277 feuillets de parchemin, inscrits sur deux colonnes de 34 lignes d'une réglure à la mine de plomb (1r-127r) puis à l'encre (128r-fin). L'écriture est une textualis formata/libraria régulière, possiblement d'une seule main.
CONTENU
Ce volume est organisé en trois grandes sections.
A. f. 4-102v : cette section regroupe les lectures de l'Ancien Testament (Sagesse à Malachie) pour les offices dominicaux du temps ordinaire depuis le premier dimanche des calendes d'août jusqu’au dernier dimanche avant le temps de l'Avent.
B. f. 104-127 : cette seconde section contient les lectures du Nouveau Testament et les homélies patristiques.
C. f. 128-277v : cette troisième section rassemble les lectures pour le sanctoral.
_f. 1-3 : Les lectures pour l'office de sainte Suzanne et celui de saint François ont été ajoutées à une date légèrement postérieures et placées au début du volume.
_f. 128ra : Emprisonnement de saint Pierre
_f. 129vb : saint Étienne Pape
_f. 130vb : Lettre du prêtre Lucien sur la découverte des reliques de saint Étienne.
_f. 133ra : Passion des saints Cyriac, Large et Smaragde.
_f. 135va : Vigile de saint Laurent
_f. 136ra : Passion de saint Laurent
_f. 138va : Passion de saint Tiburce
_f. 140ra : Passion de saint Hippolyte
_f. 143ra : Sermon de Jérôme de Stridon sur l'Assomption
_f. 158va : Vigile de saint Barthélemy
_f. 161vb : Vie de saint Augustin
_f. 165ra : Décollation de saint Jean-Baptiste
_f. 167va : Passion des saints Félix et Adaucte
_f. 168rb : Vie de saint Gilles
_f. 170ra : Vie de saint Bertin
_f. 172va : Vie de saint Euverte
_f. 173va : Nativité de la Vierge
_f. 176rb : Déposition de saint Omer
_f. 184va : Exaltation de la sainte Croix
_f. 187rb : Octave de la nativité de la Vierge
_f. 191vb : Passion de saint Lambert
_f. 193rb : Feria IIIIa in IIIa septimana septembris
_f. 197ra : Vigile de saint Matthieu
_f. 200rb : Passion de saint Maurice
_f. 201vb : Passion de saint Firmin
_f. 203rb : Cosme et Damien
_f. 205ra : Fête de saint Michel
_f. 208rb : Vie de saint Jerôme
(f. 211 et 212 intervertis)
_f. 212ra : Fête de saint Rémy, Vaast, Germain, Bavon, Wasnon et Pia
_f. 213va : Saint Léger
(f. 215 et 216 intervertis)
_f. 215vb : Déposition de saint Marc pape
_f. 216ra : Saint Denys
_f. 220ra : Invention de sainte Austreberte
_f. 222ra : Vie de saint Donatien
_f. 225vb : Vie de saint Momelin
_f. 228ra : Saint Luc évangéliste
_f. 231rb : Invention de saint Omer
_f. 233vb : Vie de saint Severin
_f. 235ra : Passion de Crépin et Crépinien
_f. 236va : Vigile des apôtres Simon et Jude
_f. 240va : Vigile de la Toussaint
_f. 246rb : Vie de saint Winnoc
_f. 248vb : Passion des quatre couronnés
_f. 250rb : Passion de saint Théodore
_f. 252rb : Vie de saint Martin
_f. 257va : Saint Brice (octaves mêlées de Martin et Brice)
_f. 267vb : Passion de sainte Cécile
_f. 269v [276] 270r : Vie de saint Clément
_f. 272ra : Saint Chrysogone
_f. 273va : Passion de sainte Catherine
On constate la présence de nombreux saint régionaux : Omer, Bertin, Momelin, Winnoc, Vaast, Bavon, Wasnon, que cet ouvrage a été conçu pour un usage local.
DÉCOR
Ce volume est richement ornée d'initiales filigranées, parfois émenchées (170, 180, 181v, 182v, 183v, 184v), de deux modules : un grand module sur 4 à 8 lignes pour les divisions principales et d'un module plus petit, deux ou quatre lignes de réglure, pour les divisions secondaires.
Des initiales rehaussées indiquent les changement de phrase.
Il compte également deux initiales ornées de palmettes rehaussées de vert, de rouge et de bleu sur fond de vieux rose, pour les offices de la Vierge (f. 143 et 173v).
Enfin, les lecture des offices dédiés à saint Omer (176-179v, 189, 231), sont introduits par 12 initiales historiées dont le style très élégant est représentatif des derniers feux du style 1200 tel qu'il s'est développé entre la Flandre et l'Artois dans les premières décennies du XIIIe siècle. Les scènes sont placées sur des fonds d'or, abstraits, qui situent l'action dans un cadre intemporel. Les postures sont souples et plus gracieuses même s’il reste une légère rigidité dans la gestuelle et que les expressions sont figées, stéréotypées voire absentes. On retrouve le goût pour l’Antiquité dans les drapés.
Plusieurs manuscrits de la collection audomaroise ont été peints dans ce même style par un atelier actif dans la région au début du XIIIe siècle, probablement Saint-Bertin, et auquel on attribue notamment le décor de la Bible en images, du recueil des œuvres d'Hugues de Fouilloy, du recueil de texte grammaticaux, et des épîtres pauliniennes glosées, tous trois produits pour l'abbaye de Clairmarais.
ICONOGRAPHIE
Les 12 initiales historiées qui marquent les lectures des offices en l'honneur d'Omer de Thérouanne illustrent les principaux moment de suivant la troisième version de celle-ci.
_f. 176 : Dans une lettre A figurée par deux serpents enlacés, un vieillard assis sur une chaise à haut dossier, dicte un texte à un jeune homme nimbé assis devant lui sur un tabouret, et derrière lequel se tient une femme, la main droite posée sur l’épaule du jeune homme. Cette scène représente l'enfance de saint Omer, occupé à étudier sous
le regard de ses parents.
_f. 176v : Dans une lettre F formée d'un grand serpent, un abbé tonsuré accueil un vieillard et un jeune homme. Il s'agit de la scène de la conversion d'Omer et de son père Firulphe à la vie religieuse. Ils sont accueillis par l'abbé Eustase de Luxeuil.
_f. 176v : Dans une lettre C, un moine tonsuré et nimbé reçoit la grâce de l'Esprit Saint sous la forme d'une colombe, sous le regard de trois autres religieux. Il s'agit de la représentation des vertus spirituelles acquises par Omer au sein du monastère de Luxeuil.
_f. 177 : dans une lettre P, on voit un roi qui remet une crosse à un évêque mitré accompagné d'un clerc. Il s'agit de l'élévation d'Omer à la tête du diocèse de la Morinie par le roi Dagobert.
_f. 177 : Dans une lettre Q divisée en deux registres, on voit, au registre inférieur, un jeune homme assis dans une barque, les mains jointes en prière. Il est pris dans une tempête dont la violence est suggérée par le drapé mouvement de sa cape. Au registre supérieur, un homme mûr, alité, bénit le jeune homme qui s'incline devant lui les mains ouvertes devant lui paumes vers le ciel en signe d'acceptation. Il s’agit de l'illustration de la première partie du fameux miracle du jeune homme parti en mer contre l'avis d'Omer, et qui est sauvé d'une tempête grâce à l’intercession du saint évêque qu'il avait prié dans la tourmente.
_f. 178 : Dans une lettre N divisée en deux registres, au registre inférieur, un vieil homme est allongé au sol mains jointes en prières, nu et couvert de griffures, il est béni par la main de Dieu qui sort d'une nuée. Au registre supérieur, un homme mûr, alité et nimbé, fait un geste de commandement vers un jeune homme debout à coté de lui, mains ouvertes devant lui paumes vers le ciel en signe d'acceptation. Il s'agit de la seconde partie du miracle du jeune homme sauvé de la tempête, qui relate comment après que saint Omer lui a interdit de relater de ce miracle, le jeune homme vécût une vie de contrition ayant fait vœu de silence, et ne libéra sa parole qu'à la mort du saint évêque, avec la bénédiction de ce dernier.
_f. 178v : Dans une lettre D, un religieux tonsuré et nimbé, tenant un phylactère avec l’inscription "ite praedicare" dans sa main gauche, fait le geste du commandement vers trois couples de clercs tonsurés debout ou agenouillés en prière devant lui. Le texte adjacent est celui de l'homélie 17 de Grégoire le Grand, où le saint pape glose l'envoie en mission apostolique des apôtres. Bien qu'aucun indice ne permette de l'affirmer, au vu du contexte, on peut supposer que la miniature nous montre l'évêque Omer envoyant son clergé prêcher les Morins, suivant l'exemple du Christ envoyant les apôtres prêcher l’Évangile deux par deux.
_f. 179 : Dans une lettre M, deux évêques, identifiés par des tituli comme Omer et Aubert, se tiennent en habits pontificaux de part et d'autre d'une tombe ouverte. Un ange descend du ciel et fait le signe de la bénédiction vers saint Omer. Cet épisode illustre le miracle qui eut lieu lors de la translation de saint Vaast à laquelle Omer participe à la fin de sa vie alors qu'il était atteint de cécité, en présence de saint Aubert. Omer bénéficia de la grâce de recouvrer miraculeusement la vue le temps de l'office.
_f. 179v : Dans une lettre C, un évêque en habits pontificaux repose sur un lit mortuaire éclairé d'une lampe à huile. Un religieux tonsuré récite l'office mortuaire, aidé de trois autres religieux. Au pied du lit, un religieux tonsuré discute avec une femme (?). Il s'agit de la mort d'Omer dont la messe fut célébrée par saint Bertin qui fit transporter le corps en l'église Notre-dame de Sithiu pour y recevoir sa sépulture. La scène de discussions qui figure sous l'arcade du lit (mais qu'il faut interpréter comme se passant devant le lit), est plus difficile à identifier. Il pourrait s'agir de la représentation des témoins du miracle qui se manifesta sur sa tombe peu de temps après son inhumation : la lampe qui avait été appendue au-dessus de son tombeau éclaira celui-ci pendant plusieurs années sans qu'on ait eu besoin d'y remettre de l'huile. Il peut aussi tout simplement s'agir d'une illustration du pouvoir thaumaturge de la tombe du saint évoqué à la suite du miracle de la lampe.
_f. 189ra : Dans une lettre B divisée en deux registres, au registre inférieur est figuré un évêque qui fait le geste du commandement, devant lui un roi tend la main vers un couple de clercs tonsurés dont l'un fait un geste de demande. Au registre supérieur, deux religieux tonsurés portent une châsse sur leurs épaules. Ces deux scènes illustrent la manière dont l'empereur Othon et son frère Bruno, archevêque de Cologne, rétablirent les chanoines de Saint-Omer dans leurs possession allemandes en 955, après que les chanoines audomarois ont fait transporter la châsse de leur saint patron à travers le pays jusqu'à Nimègue.
_f. 231rb : Dans une lettre D, un évêque en habits pontificaux s'adresse à une foule assise devant lui. Cette initiale ornée ouvre une lecture du 18 des calendes de septembre attribuée Fulgence de Ruspe, et qui traite de la prédication et de la nécessité de prêter attention à la parole de Dieu. Cette lecture étant également employée lors de l'office de l'invention de saint Omer, il est probable que l'initiale représente ce dernier dans son action de prédication au peuple des Morins, ainsi que cela est raconté dans sa vie.
Ce cycle hagiographique est intéressant en ce qu'il reprend les évènements les plus connus de la vie d'Omer de Thérouanne, tels que reproduits notamment dans sa vita du XIe siècle, qui a elle-même vraisemblablement inspiré les cycles sculpté sur son cénotaphe et sur le soubassement de l'ébrasement oriental du portail sud de Notre-Dame de Saint-Omer.
RELIURE
Reliure du restauration du début du XXe siècle, veau blond, décor de filets à froid dessinant des losanges, dos à 5 nerfs, filets à froid en tête, en queue et en pieds de nerfs.
PROVENANCE
"Ex bibliotheca ecclesia s. audomari" inscrit à l'encre sur le premier feuillet.
BIBLIOGRAPHIE
_Splendeurs et lumières des bibliothèques ecclésiastiques audomaroises au Moyen Âge (IXe-XVIe s.), Saint-Omer, 2013, p. 15.