Volume de 94 feuillets de parchemin, inscrits à longues lignes sur 20 lignes d'une réglure à la mine de plomb. L'écriture est une protogothique régulière d'une seule main.
Un main plus tardive (XIVe siècle ?), a ajouter une bénédiction a lire le jour de la sainte Marie-Madeleine sur l'actuel premier feuillet, et deux prières ont été ajoutées de même en sur le dernier feuillet.
CONTENU
Il s'agit d'un pontifical, un livre liturgique qui contient les offices et la liturgie des sacrements réservées au pontife, c'est à dire à l'évêque. Il n'est pas a s’étonner qu'une monastère bénédictin de l’importance de Saint-Bertin ait fait copier un tel ouvrage. Cela évitait en effet à l'évêque d'avoir à emporter son pontifical avec lui lorsqu'il avait a officier à l'abbaye.
Mais de plus, en 1259 le Pape Alexandre IV confère à son chapelain, Guilbert († 1269), 49e abbé de Saint-Bertin, le privilège de la mitre et des ornements pontificaux, ainsi que, sous réserve que l'abbé ait lui-même été ordonné prêtre, le pouvoir de consacrer, de donner la tonsure, et de confirmer les ordres mineurs, etc. Dès l’ores, l'abbé de Saint-Bertin fut investi d'un certain nombre de pouvoir sacerdotaux d’habitudes réservés à l'évêque.
Toutefois les chroniques audomaroises précisent qu'il n'en fit pas usage pour lui-même. Le premier abbé de Saint-Bertin à avoir officié pontificalement est Guillaume d'Oye, 52e abbé, de 1268 à 1271.
Ce privilège génèrera des conflit lorsque Saint-Omer sera érigé en évêché. ainsi, le 22 mai 1704 Benoit de Béthune, abbé de Saint Bertin, voulu assister à la procession du Saint-Sacrement en habits pontificaux, malgré la défense de l’évêque Louis Alphonse de Valbelle qui déclare l'abbé de Saint-Bertin suspens et interdit, ce qui engendra un long procès.
DÉCOR
Ce volume comprend deux niveau de lettres ornées rouges, vertes et bistre.
Le première niveau est constitué de grandes initiales émenchées à décor de protofiligranes ou de palmettes sur 6 à 8 (15 pour les hastes) lignes de réglure (ff. 11, 12, 21v, 46, 49, 54, 65, 71, 76, 80v), qui signalent les principaux offices.
Le second niveau est constitué d'initiales de couleurs, rarement émenchées, à protofiligranes sur 4 à 6 lignes (2v, 41, 43, 57, 59v, 60v, 73v, 75v, 77), qui indiquent les divisions secondaires. Certaines ont une antennes qui se termine par une tête de canidé (f. 7v, 10)
Le troisième niveau est constitué de lettres de couleur sur deux lignes de réglure, parfois ornées de protofiligranes ou simplement agrémentées de perles.
Le style de ces lettres correspond à la production sur scriptorium de Saint-Bertin dans le dernier quart du XIIe siècle (voir notamment le ms. 57).
RELIURE
Refaite au XVIIe siècle, veau brun tacheté, palettes dorées en tête, en queue et sur les nerfs, caissons fleuronnés, titre doré : "PONTIFIC ROMANVM".
PROVENANCE
On trouve l'ancienne cote de Saint-Bertin sur le premier feuillet.
BIBLIOGRAPHIE
A. Travaux universitaires non publiés
_GOUDESENNE, Jean-François, Le Chant liturgique dans le nord de la France au Moyen Âge, pour une approche de la messe de Pâque & une étude des notations neumatiques, mémoire de maîtrise en musicologie, 3 vol., dir. M. C. Beltrando-Patier, Lille III, 1987 (extraits). 43324 86-6
B. Bibliographie générale
_Leroquais, Victor. 1940. Les psautiers manuscrits latins des bibliothèques publiques de France. Macon : Impr. Protat.
_Institut de recherche et d'histoire des textes (IRHT-CNRS), «Notice de Saint-Omer, Bibliothèque d'agglomération de Saint-Omer, 98», dans Stutzmann Dominique (dir.), Saint-Bertin : centre culturel du VIIe au XVIIIe siècle, 2016 (permalink : http://saint-bertin.irht.cnrs.fr/site/php/notice.php?id=Saint-Omer98&catalogue=st-omer). Consultation du 01/08/2023.