Volume de 209 feuillets de parchemin constitué de deux unités codicologiques :
_A, f. 1-15v. : deux colonnes de 35 lignes tracée à la mine de plomb, second tiers du XIIe siècle. Le f. 5v est d'une autre main et plus tardive, troisième tiers du XIIe siècle. Notation neumatique française. Intervention d’une seconde main f. 171r-173v et f. 202r (sur grattages). Sans mentions de proses.
_B, f. 16-209v : 25 longues lignes tracées à la pointe sèche, XIe siècle
CONTENU
A l'origine du christianisme, on pratiquait essentiellement des messes solennelles, qui font intervenir plusieurs officiants autour du célébrant, chacun ayant une tache bien définie dont le déroulé était consigné dans un livre propre à son usage : le célébrant utilise un sacramentaire, le diacre l'évangéliaire, le sous-diacre un épistolier et le chœur des chantres a son graduel.
Mais avec le développement des messes basses et privées, cette division rendait les choses compliquées car le célébrant devait alors cumuler toutes les fonctions. C'est ainsi que l'on a progressivement enrichi le sacramentaire des différentes parties de l'office initialement contenues dans les autres livres liturgiques, dans ce que l'on a appelé le "Missel plénier". Si l’adjonction des lectures et des parties chantées s'observe occasionnellement et avec plus ou moins d'efficacité dès la fin du XIe siècle, les premiers missels proprement-dits apparaissent seulement à la toute fin du Xe siècle et surtout au début du XIe.
Comme pour le ms. 343, ce volume a subit les affres d'un usage régulier et intense, la fin du sanctoral manque, il s’arrête à la fête de la Toussaint.
_f. lr : Matines de l’office de la fête de l’Annonciation, cursus séculier ; notation française, page à 19 lignes (addition sur un f. originellement blanc)
_f. lv-4r Calendrier de Saint-Bertin.
_f. 4v-170v : Temporal. Chaque messe comprend les trois pièces de chant notées en neumes et les lectures : c’est donc un missel sans oraisons ; celles-ci ont été ajoutées, les unes fol. 7 à 15, les autres dans les marges ou au bas des feuillets.
_f. 171-209v : Sanctoral
On y trouve les principaux saints locaux : (12 avr.) S. Erkenbode ; (2 mai) Elevatio s. Bertini abb. ; (8 juin) Medardi et Gildardi ep. ; Et translatio s. Audomari. ; (11 juill ) Translatio s. Benedicti abb. ; (16 juill.) Translatio s. Bertini abb. ; (4 août) Waldburge virg. ; (5 sept.) S. Bertini abb. ; (9 sept.) S. Audomari ep. et conf. ; (16 oct.) Mummolini ep. et coiif. ; (21 oct.) Inventio s. Audomari ep. ; (6 nov.) S. Winnoci conf. ; (13 nov.) Transla¬tio s Folquini ep. ; Et Briccii ep. ; (27 nov.) D'une autre main : S. Maximi conf. et ep. ; (13 déc.) Lucie virg. ; Et Iudoci conf. ; Audberti ep. ; (14 déc.) Depositio s. Folquini ep .
La plupart des oraisons des messes pour les sains non inscrits au canon grégoriens ou gélasien ont été ajoutées en marge ou au bas des feuillets : f. 203. (5 sept.) Nat. s. Bertini abb. ; f. 204 v°. (9 sept.) S. Audomari ep. > ; 207. (22 sept.)
DÉCOR
Pour la partie la plus ancienne, le décor n'est constitué que par les rubriques, des initiales rubriquées très simples, et des lettres rehaussées, certaines sont évidées.
Pour les 15 premier feuillets ajoutés au XIIe siècle, le décor imite celui du XIe siècle sauf pour le f. 5-5v, qui comprend une grande initiale du Te Igitur, grande lettre bleue évidée et accompagnée de protofiligranes rouges et verts. Les autres lettres de cette pages sont alternativement vertes et rouges, certaines avec un petit filigrane.
RELIURE
Refaite au XVIIe siècle, veau brun jaspé, tranches jaspées, dos à 4 nerfs, restauré en veau blond filets à froid en pieds de nerfs en mais 1954 (Atelier de la BNF)
PROVENANCE
Ancienne cote et usage de Saint-Bertin
BIBLIOGRAPHIE
_Leroquais, Victor, Les bréviaires manuscrits des bibliothèques publiques de France, Paris, 1932
_Staats, Sarah, “A partial reconstruction of Saint-Bertin’s late-eleventh-century legendary: St-Omer 715, vol. 1 and its membra disiecta.”, Scriptorium, 52-2 (1998), p. 349-364.
_Goudesenne, Jean-François. . “Fragments d'un «Age d'Or» dans le Nord de la France avant 1200.” dans Philippe Henne, A la recherche du chant perdu. Patrimoine, musiques et musicologie, Lille, Université catholique de Lille, Mélanges de science religieuse. 61 (2004), p. 9-24.
_Huglo, Michel, “Les livres liturgiques de la Chaise-Dieu. I, Inventaire des livres liturgiques casadéens.” Revue bénédictine, 87 (1977), p. 62-96.
_Le graduel Romain, édition critique par les moines de Solesmes, Abbaye Saint-Pierre De Solesmes, 1957, p. 134
_Meyer, christian, Catalogue des manuscrits notés du Moyen Âge, 4, Turnhout, Brepols, p. 207-209.
_Hourlier, J, "Le domaine de la notation messine", Revue grégorienne 30 (1951),pp. 96-113 ; 150-158, ici p. 109.
_Institut de recherche et d'histoire des textes (IRHT-CNRS), «Notice de Saint-Omer, Bibliothèque d'agglomération de Saint-Omer, 252»v, dans Stutzmann Dominique (dir.), Saint-Bertin : centre culturel du VIIe au XVIIIe siècle, 2016.