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Recueil de sermons

Titre_latin: Richardus de Sancto Victore, Opuscules et Adnotationes in Psalmos

: Sermo magistri Achardi abbatis sancti Victoris Parisi

: Sermo domini Ivonis Carnotensis episcopi

: Bernardus Claraevallensis, De quadruplici temptatione

: Hildebertus Cenomanensis, Sermo in dominica palmarum

Volume de 116 feuillets de parchemin, inscrits sur deux colonnes de 32 lignes d’une réglure à la mine de plomb. L'écriture est une textualis régulière d'une seule main. En plusieurs endroits, l’encre a détruit le parchemin, le laissant en lambeaux : les derniers feuillets sont pratiquement illisibles.

CONTENU
Il s'agit d'un recueil de vingt-deux sermons et opuscules spirituels de divers auteurs. Le volume est en très mauvais état d'ancienne date, la mention de contenu datée de 1743 sur le 1er feuillet : « Auctor anonimus continens : Sermones variorum auctorum inter quos legebam subscripte : / Sermo magistri Achardi abbatis sti. Victoris Parisi. et / Sermo domini Ivonis epi. » prouve que le ms. était lacunaire au XVIIIe s. Il esxiste une certaine proximité entre le contenu de ce reuceil et celui du ms. de la BM de Troyes, ms. 259 (XIIe siècle).

Dans son état actuel ce volume contient :
_f. 1v-3v : Richard de Saint-Victor (?, parfois aussi attribué à saint-Bernard), Sermon sur la Charitée blessée (De Vulnerata charitate)
_f. 3v-9 : Sermon pour le dimanche des Rameaux (in Dominica palmarum), qui correspond au cinquante-huitième de la série universitaire de sermons et de collations des dimanches (classement liturgique) compilés à Saint-Victor de Paris (Paris, BnF, ms. lat. 14950)
_f. 9-11v : Sermon anonyme sur la Paix (Ps. 30): In pace in idipsum dormiam et requiescam. Pax illa per quam est in qua anima (Newhauser, R. - Bejczy, I., A Supplement to Morton W. Bloomfield et al., 'Incipits of Latin Works on the Virtues and Vices, 1100-1500 A.D.', Turnhout, Brepols, 2008 (« Instrumenta Patristica et Mediaevalia », 50) , n° 2609a, p. 172)
_f. 11v-14 : Richard de Saint-Victor, Traité moral sur la main et les doigts (à partir du Ps 143:1) : que l'on retrouve lui aussi dans la collection victorine (ici le n° 63).
_f. 14-25v : Richard de Saint-Victor, annotations sur le Psaume 118, de la Face de Dieu, avec la lettre à Hugues.
_f. 25v-26v : Bernard de Clairvaux, Des quatre tentations.
_f. 26v-32v : Richard de Saint-Victor, Annotations sur les Psaumes
_f. 32v-36v : Richard de Saint-Victor (?), Des la division quadripartite de l’œil du cœur
_f. 36v-78 : Achard de Saint-Victor, Sermon pour la quadragesime, Pour la Toussain, pour la dédicace d'une église,
_f. 78v-85 : sermons anonymes : Des trois vents, De l'incarnation du Seigneur, Des quatre damnations de l'homme, Des deux zones, des chevaliers de Dieu, De la fuite de Babylone, des feuilles qui ne tombent pas, de la faim en Samarie, Comparaison à la Vierge Marie, de épiphanie.
_f. 85-90 : Neuf sermons anonymes (attribués à Richard de Saint-Victor dans le ms. Cambridge, University Library 1149)§.
_f. 90-92 : Hildebert de Lavardin, Sermon pour le dimanche des Rameaux.
_f. 92-116v : Yves de Chartes, Sermons divers.

DÉCOR
Ce volume est orné de lettres de couleurs alternativement rouges, verts et bleues, parfois agrémentée d'un filigrane très simple et typiquement cisterciennes. On peut supposer que l'initiale de début de livre devait être plus travaillée.
Lorsque l’on se penche sur les différents textes qui ont affirmé la position des cisterciens envers l’art, on se rend compte que ces derniers opposaient un refus quasi catégorique à toute forme d’expression artistique. On en trouve la concrétisation dès la première collection des statuts de l’ordre de 1131. Dans ces textes, tout est fait pour limiter au maximum la présence d’objets d’art et le luxe dans les abbayes de l’ordre : « Dans nos églises ou dans un local d’office quelconque, nous interdisons que l’on se livre à l’art de la sculpture ou de la peinture ; il est rare, en effet, que l’on puisse s’appliquer à cela sans négliger la sainte méditation, sans finir par oublier le sérieux de la vie religieuse. Nous admettons cependant les croix peintes en bois » (status cisterciens, collection. de 1131, stat. XX).
Une fois que Bernard eut énoncé la règle : « Les lettres devront être d’une seule couleur et non peinte » (Statuts cisterciens, LXXX), et que cette injonction eut été transmise dans les autres abbayes de l’ordre, la plupart des illustrations et ornements figuratifs furent supprimés des manuscrits. Cela a donné le troisième style de Cîteaux ou « style monochrome ».
Ainsi que le précise Y. Zaluska : « la monochromie n’est pas un trait purement cistercien, mais les moines blancs sont les premiers à l’avoir érigée en doctrine et à en avoir fait une forme de la quête de Dieu ». Ce style va s’épanouir durant les années quarante du XIIe siècle, jusqu’à la fin du troisième quart de ce siècle, puis, très vite, il laisse de nouveau la place à un retour à l’iconographie foisonnante.

RELIURE
Actuellement ce volume est dépourvu de reliure, mais selon le Catalogue des manuscrits de Saint-Omer rédigé par Michelant, il était encore « couvert en peau de sanglier » (sic) au XIXe s. Il s'agissait donc d'un des fameux libri pilosi de Clairmarais, qui ne sont pas en sanglier mais en peau de phoque.

PROVENANCE
Correspond probablement au n° 48 du catalogue révolutionnaire de Clairmarais, le décor et la mise en page sont également typiques de Clairmarais.

BIBLIOGRAPHIE
_CHATILLON, Jean, "sermons et prédicateurs victorins de la seconde moitié du XIIe siècle", Archives d'histoire doctrinale et littéraire du Moyen Age, 32 (1965), pp. 7-60, mss. ctité p. 33, 546.
_CHATILLON, Jean, Achard de Saint-Victor, Sermons inédits (textes philosophiques du Moyen Âge, 17), Paris, 1970, p. 10, sigle Y.
_MURANO, G., "Le opere di Acardo di San Vittore (+ 1170/1171)", Revue d'histoire des Textes, n. s. 5 (2010), p. 171.
_BONDEELLE-SOUCHIER, Anne, Bibliothèques cisterciennes dans la France médiévale. Répertoire des abbayes d'hommes, Paris, 1991, P. 83, 87.
_STAATS, Sarah, Le catalogue médiéval de l'abbaye cistercienne de Clairmarais et les manuscrits conservés. Avec le concours de Caroline Heid et Donatella Nebbiai, et une contribution de Patricia Stirnemann, Paris : CNRS éditions, 2016, p. 147.